L’info avait fait de nombreuses « Une », logiquement d’ailleurs, tant l’attente est forte et planétaire ! Pas un média n’avait laissé passer la suspension, par AstraZeneca, des essais cliniques menés sur plusieurs dizaines de milliers de personnes afin de tester l’efficacité et l’innocuité de l’AZD 1222, le candidat vaccin de la Maison Britannique. Une femme participante aux études avait en effet développé une pathologie au sujet de laquelle un comité Indépendant se devait d’établir si elle avait, oui ou non, un lien avec le sérum testé. Alors qu’on pensait les labos en passe de réussir un exploit scientifique avec la mise à disposition des premières doses avant la fin de l’année, la pause décrétée par Pascal Soriot semblait, à lire certains papiers, remettre tout en cause !
UNE PAUSE QUI FAIT LES GROS TITRES
Et soulevait de nouveau la question de la sécurité de l’acte vaccinal en lui-même, offrant aux 30 à 40% de français encore méfiants à son égard, de nouvelles raisons de douter ! Couverture médiatique des plus larges donc, pour cette annonce… Mais celle qui, survenue le week-end dernier, soit moins de 4 jours après la « pause », autorisait la reprise des essais, celle-là donc, aura dû se contenter de quelques lignes, simples brèves dans les colonnes des mêmes médias qui nous en avaient fait « des tonnes » quelques jours plus tôt ! On le sait : c’est la règle bien connue désormais de cette profession : seuls les trains qui partent en retard, ou « mieux », qui déraillent (avec quelques morts, si possible, … c’est plus vendeur) méritent les gros titres. Mais on pouvait tout de même espérer qu’en ces temps où une partie du Monde se reconfine pour échapper au virus, une bonne nouvelle telle que cette reprise porteuse d’espoir, allait, cette fois, avoir droit, à défaut de la première page, aux caractères gras et gros de la maquette, aux corps 36 ou au moins 24, aux appels à la Une !
HEUREUSEMENT BENOÎT ET NICOLAS SONT LÀ
Que nenni ! Le lecteur aura dû se contenter, et encore pas toujours, de quelques centaines de signes, au mieux, quand des feuillets entiers (un feuillet étant l’unité de mesure du travail journalistique soit 1500 caractères, espaces compris) s’étaient déversés sur les éditions de la semaine dernière ! Dans cet univers décevant, une exception tout de même, relevée grâce à un de nos meilleurs lecteurs, par ailleurs membre du Comité de Rédaction mis en place par notre journal cet été (pour accompagner les lancements de nos nouveaux projets), Benoît Gallet, ex BMS et qui nous a signalé cet « édito » du journaliste des Echos, Nicolas Barré, diffusé jeudi sur l’antenne d’Europe 1 et qui nous avait donc échappé ! Le jour de diffusion explique pourquoi le journaliste ne parle pas de la reprise des essais. Mais la tonalité du propos, son objectivité, les problématiques soulignées et la façon dont l’industrie pharma y est évoquée, non comme un coupable par destination mais comme le journaliste l’aurait fait pour tout autre secteur, tout cela, donc, nous amène, merci Benoît, à vous conseiller ce petit retour en arrière médiatique de quelques jours pour écouter Nicolas Barré. Vous verrez, ça fait du bien ! (CLIQUEZ SUR L’IMAGE POUR ÉCOUTER LA CHRONIQUE)