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NOTRE PAYS, CHAMPION DU MONDE DES ANTIVACCINS 

La publication des informations relatives au candidat de Pfizer a relancé l’intérêt des médias pour les résistances face au vaccin, telles qu’elles sont constatées dans les différents pays. Ainsi, il y a tout juste quelques jours, le Forum Economique Mondial révélait les chiffres d’une étude menée par l’Institut Ipsos sur 15 pays différents et en deux vagues afin de mesurer l’impact de la crise sanitaire sur ce mouvement des anti-vaccins. Plus de 18.500 personnes ont été interrogées une première fois en Août puis en Octobre dernier. Or, phénomène plutôt étrange et a priori contraire à ce que la montée en puissance du coronavirus pourrait laisser penser, le taux, des personnes qui s’affirment d’accord pour être vaccinées au cas où un sérum serait efficace et disponible, ce taux, donc, dans la plupart des pays, diminue, parfois nettement entre les deux vagues. Globalement, sur l’ensemble de l’échantillon, on passe de 77% à 73% de candidats à la vaccination entre Août et Octobre. Si le mouvement d’ampleur constaté en Chine (de 97% à 85%), s’explique probablement par le net recul de l’épidémie, localement, le phénomène est nettement plus inexplicable au Brésil (de 88% à 81%), en Grande Bretagne (de 85% à 79%), encore moins en Espagne, où l’on passe de 72% à 64% de personnes envisageant de se faire vacciner entre les deux vagues, autant de pays où la fameuse seconde vague a déferlée provoquant la plupart du temps de nouvelles périodes de confinement. Et le phénomène est également marqué chez nous en France, alors que le pays se classe au tout dernier rang parmi les 15 étudiés avec 59% de personnes prêtes à se faire vacciner en Août et seulement 54% en Octobre.   

DIX POINTS DE MOINS QUE L’ITALIE  

Un bonnet d’âne aussi inquiétant que flagrant puisque les pays qui se classent juste un peu mieux que nous, à savoir l’Italie, l’Espagne et les USA, affichent malgré tout un taux de vaccinés potentiels de 64 à 65%. Seuls le Mexique (qui passe entre les deux vagues de 75 à 78%), l’Allemagne (de 67 à 69%) et l’Afrique du Sud (de 64 à 68%) voient progresser le nombre de personnes favorables à l’idée de se faire vacciner entre les deux études. Co-auteur avec l’historien Laurent Henri Vignaud d’une passionnante enquête sur les mouvements anti-vaccins (voir notre encadré), Françoise Salvadori s’étonne, elle aussi de cette évolution à l’encontre de la peur que provoque l’épidémie de Coronavirus. Mais cette spécialiste de l’immunologie estime aussi que « les prises de positions multiples et souvent contradictoires du corps médical s’ajoute au manque de cohérence des stratégies gouvernementales pour renforcer le scepticisme de la population ». Un scepticisme a priori d’autant plus étonnant que, « on nous le dit régulièrement, les français sont de gros consommateurs de médicaments. Donc, ils ont confiance dans le médicament mais ils sont les plus méfiant au Monde face aux vaccin ». Pour Françoise Salvadori, l’accentuation de ce mouvement trouve clairement son origine, tout du moins pour la période la plus récente, dans l’affaire de la grippe H1N1, en 2009.   

UN PHÉNOMÈNE QUI TOUCHE AUSSI  LES PROFESSIONNELS DE SANTÉ  ET LES ENSEIGNANTS  

L’achat de vaccins avait alors représenté un investissement de près e 400 millions d’euros pour l’immense majorité jamais utilisé et parti « en coûteuse fumée » selon le titre de l’article publié alors par Paris Match. Mais c’est la sociologie des anti-vaccins qui accentue en réalité cette résistance : « Il n’y a pas de portrait type sociologique des antivax, et le phénomène touche toutes les catégories socioprofessionnelles, et notamment les professionnels de santé, les infirmières, particulièrement, ou les enseignants du primaire et du secondaire, des représentants de la middle-class, généralement Bac +2 et Bac +3. Ils sont autant de relais malheureusement efficaces pour cette opposition aux vaccins. D’autant que comme toujours, les antis sont beaucoup plus proactifs que les pros. Ils sont souvent très organisés, très efficaces». Et Françoise Salvadori de noter que « le sentiment antivaccin est très présent dans les strates les plus éduquées, les catégories favorisées de la population comme c’est aussi le cas par exemple en Suisse ou dans quelques villes Américaines, à New-York notamment ». Par ailleurs, l’auteur souligne « la faiblesse sinon l’inefficacité totale de la communication en la matière. A quand remonte la dernière campagne de promotion de la vaccination ? Les gouvernements refusent d’assumer leur responsabilité en la matière. Et soyons francs, les laboratoires pas plus que le gouvernement ». Résultat : même après une information aussi importante que celle de Pfizer, la semaine dernière, le bruit des méfiants reprend le dessus rapidement :  En 48 heures à peine, le ton des médias a changé et on se passionne désormais sur ce que l’on ne sait pas à propos du produit de Pfizer et de BioNTech. Un simple regard sur la presse anglo-saxonne suffit à constater que cette tonalité désormais plus méfiante qu’enthousiaste est typiquement hexagonale : si le Wall Street Journal, le NYT ou le Boston Globe n’hésitent pas eux aussi à se poser des questions, ils ne sont pas monothématiques et se penchent aussi sur les questions relatives aux enjeux logistiques d’une future campagne de vaccination tout en se penchant sur le processus de découverte, les coulisses d’une véritable réussite scientifique saluée par tous, … sauf en France. La façon avec laquelle les médias français envisagent la question du prix des vaccins est à ce titre symbolique, comme le démontre l’échange diffusé vendredi dernier sur la matinale de France Inter (voir notre encadré).   

SEUL UN FRANÇAIS SUR 10 MISE SUR UN  VACCIN AVANT LE MOIS D’AVRIL  

On notera par ailleurs, mais l’enquête a été faite avant les informations de Pfizer, que 39% des personnes interrogées en Octobre pensaient que le vaccin ne serait disponible que dans un an et plus. Et là encore, la France joue les derniers de la classe, puisque seuls 10% de nos concitoyens espéraient un sérum avant le mois d’Avril. Par ailleurs, seuls 12% des français affirment être décidés à se faire vacciner dès que possible après le lancement du vaccin. De toute évidence, les discours de nos dirigeants selon lesquels nos Autorités Sanitaires, au nom d’une supposée expertise supérieure à celle de leurs petits camarades, vont vouloir prendre tout le temps nécessaire à un examen spécifique et tricolore des candidats vaccins, ce discours, donc, est parfaitement passé dans l’esprit des français. Seuls 38% de nos concitoyens affirment vouloir être vaccinés dans les trois mois après la mise à disposition : ce même chiffre est de 53% en Italie, 47% en Allemagne et de 52% sur l’ensemble de la population étudiée. Reste enfin le débat, ouvert par certains de nos dirigeants politiques sur une éventuelle obligation vaccinale pour en finir avec la Covid-19. Une option que ne retient pas Françoise Salvadori : « Je ne pense pas que cela soit la solution. Une telle décision risque de radicaliser encore plus les opposants aux vaccins. Et il faudrait surtout que, si une telle décision est prise, les pouvoirs publics soient parfaitement capables de fournir les vaccins, de les livrer, de les administrer à tout le monde. Or je ne suis pas certaine que se soit le cas avant longtemps ».   

TOUT LE MONDE SEMBLE VOULOIR AVANT TOUT PRENDRE SON TEMPS  

Et en effet, un suivi de l’actualité en Europe et aux USA démontre que la France n’est pas encore, loin s’en faut lancée sur cette voie alors que nos voisins s’y engagent depuis plusieurs semaines. A ce titre, les déclarations du porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, à la sortie du dernier conseil des Ministres sont pour le moins surréalistes : « Il est trop tôt pour dire dans quelles conditions nous déploierons un vaccin alors même qu’aucun vaccin aujourd’hui n’a été validé » ! Des propos tout simplement irresponsables et qui démontrent que notre « beau pays » risque de reproduire avec application sur le vaccin les mêmes erreurs que celles qui ont été commises sur les tests et les masques.