Partir… Pour mieux revenir chez UCB !

Son CV ressemble à un parcours sans faute, le rêve de parents qui espèrent le meilleur pour les années à venir » : Imagines qu’elle puisse faire un très bon lycée et après, une grande école … ». Pour Catherine Rives, à la tête d’UCB Pharma en France, depuis presque 3 ans, ce sera en effet Louis Le Grand. La Grande Ecole ? HEC ! Et entre les deux, de 1990 à 1996, la Faculté de Pharmacie à Paris V. De quoi s’offrir un début de carrière professionnelle pour le moins prometteur au sein de la filiale France du Britannique GSK. Brand Manager puis Chef de produit, Catherine Rives décroche ensuite très vite, dès 2002, le ticket vers l’international, aujourd’hui indispensable pour grimper dans les strates hiérarchiques de la pharma hexagonale. 

Aux USA, sur le cardiovasculaire jusqu’en 2004 puis à l’Europe, Directrice Marketing. C’est à ce poste, en février 2007, que le belge UCB la contacte… pour la première fois ! Elle rejoint le groupe, y prend en charge la filiale Suisse avant de revenir en France pour y piloter le business Immunologie, univers thérapeutique essentiel pour la croissance de la Maison. Oui mais voilà… Elle veut aussi découvrir de nouveaux marchés, de nouveaux horizons. En 2012, elle quitte UCB et rejoint Baxter et son « medical device business ». Pendant près de trois ans, Catherine Rives explore cet autre univers des industries de santé avant de revenir à la « pure pharma », chez un des géants, l’Américain MSD, en France. Elle y dirige la méga Business Unit « Diabète, Cardiovasculaire et Santé de la femme » et conduit à son terme un important projet de transformation digitale en diabétologie. « Le projet était un pilote pour toutes les filiales dans le monde entier, avec l'ambition de donner une expérience homogène multicanale des soins de santé, afin de permettre aux patients diabétiques d'atteindre leur objectif glycémique », précise la biographie officielle. 

Mais après quatre années passées au sein du groupe US MSD, voilà donc Catherine Rives qui, en septembre 2018, s’offre un come-back, retrouvant UCB Pharma mais pour, désormais, en diriger la filiale hexagonale.

 « Je suis très certainement mieux placée que quiconque pour faire la promo de la Maison UCB : moi, j’ai été voir ailleurs avant de revenir ! ». Un groupe qu’elle aime, donc, même si elle regrette que, chez UCB comme chez beaucoup d’autres acteurs de la pharma, les femmes demeurent sous représentées dans les instances de direction : « Parmi le Top 7 des filiales UCB dans le Monde, la France est la seule à être dirigée par une femme ». Mais il faut admettre, avec Catherine Rives, que le mal du mâle dominant est une pathologie assez largement répandue dans l’univers du médicament : « Historiquement, même si ce n’est plus aujourd’hui l’aspect le plus essentiel de notre secteur, nous sommes dans un univers industriel. Il ne faut jamais l’oublier lorsqu’il s’agit d’analyser la place des femmes dans les labos. Je ne dirais pas que la pharma est vraiment « Macho », mais de tout évidence, notre secteur est, par tradition, très Masculin ». Et ce, même si aujourd’hui, 70% des salariés de l’industrie pharmaceutique sont des femmes ! Catherine Rives ne considère pas pour autant qu’il faille organiser la « résistance » en proposant par exemple aux dirigeantes de la pharma de se regrouper : « Des réseaux, il en existe déjà. Peut-être sont-ils seulement trop dispersés ! ». Et la dirigeante d’UCB en France de poursuivre : « Ce qui a probablement manqué pour que les femmes trouvent plus rapidement toute leur place dans cet univers de l’industrie pharmaceutique, c’est un modèle, une figure emblématique ». Cependant, et Catherine Rives le souligne, depuis deux ou trois ans, la situation a nettement évoluée, tout du moins quant au nombre de femmes qui pilotent des filiales françaises : « Elles sont de plus en plus en plus nombreuses même si cela ne se traduit pas encore tout à fait dans la composition des instances de la profession ». Reste la « question bateau », le grand classique, le passage obligé : Existe-t-il un leadership au féminin, une manière de diriger les équipes et les structures commune à toutes les femmes de la pharma ? « Non, évidemment non ! Et je lutte d’ailleurs autant que possible contre cette idée-là ! Ce n’est certainement pas une question de genre, mais de personnalité, de priorité. Je suis fondamentalement convaincue que, s’il existe une spécificité du management au féminin, ce qui reste à démontrer, elle se situe dans la capacité à décloisonner, à casser les silos ».