C’est la « petite dernière » de la liste, nommée quelques jours seulement avant que nous arrêtions notre choix ! Une nomination surprise, même si les qualités d’Isabelle Van Rycke justifient parfaitement ce poste de CEO du laboratoire d’UPSA : « Elle était de toute façon sur la « short list », dans les quatre ou cinq dont la sélection était logique pour le job », précise un de ceux avec qui elle travaillait il y a encore quelques semaines. Mais surprise tout de même car Taisho, le groupe qui a racheté UPSA à l’Américain BMS il y a deux ans est un laboratoire japonais. Et bien peu de femmes sont à la tête de grandes sociétés nippones comme de leur filiale. Cette jeune femme de 47 ans est l’exemple même de la nouvelle voie ouverte par l’industrie du médicament depuis quelques années dans le recrutement des pilotes de ce business un peu à part qu’est l’OTC, comprenez les médicaments Over The Counter, ceux qui ne nécessitent pas l’ordonnance d’un médecin. Longtemps, ce qui a prévalu, c’est qu’il s’agissait de médicaments. Aussi, pharmaciens, médecins, et autres pros formés dans le sérail monopolisaient les fonctions au sein des poids lourds de l’OTC. Puis, peu à peu, certains recruteurs ont osé la transgression en allant chercher chez les professionnels du marketing grand public ceux qui pourraient booster ce business alors que l’OTC représente, chez nous, moins de 10% du marché global du médicament soit deux à trois fois moins que chez la plupart de nos voisins européens. On a donc vu débarquer dans les labos, des jeunes talents de la Cosmétique ou du Food, experts du discours à tenir au consommateur final. Deux ou trois « sources » ont été particulièrement prolixes en la matière, des entreprises qui pouvaient avoir parfaitement formé les futurs pros de l’OTC : Mars, L’Oréal et Danone. Et c’est justement chez Danone qu’Isabelle Van Rycke s’est faite remarquée par le français Sanofi qui, en janvier 2014 lui propose de piloter le marketing de son portefeuille OTC. Un défi de taille pour celle qui a débuté sa carrière chez Unilever avant de passer un peu plus de cinq ans chez Colgate. Mais le passage du Food à la Pharma ne semble pas lui avoir posé de problèmes au point d’être nommée en janvier 2016, deux ans seulement après son recrutement, à la tête du business Europe de l’automédication du groupe hexagonal. Reste que ce job qu’elle vient donc d’accepter à la tête d’UPSA n’est pas sans risque, la dimension industrielle de la fonction étant pour Isabelle Van Rycke une découverte mais aussi un enjeu de taille : UPSA emploie près de 1500 personnes à Agen et le laboratoire doit faire face à une érosion de ses ventes dont la solution réside en partie sur l’internationalisation de la marque.